Si vous préférez,
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par
A. Kristian
Stigen, (1916- ...) © photo Estelle, 2012 4307 - Sandnes, Norvège avec sa permission Adaptation en français : Jean-Marie Van Dyck 5190 - Jemeppe-sur-Sambre Belgique |
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Publié dans … Buckfast Avler Gruppen, 1989-2000, Article 02 |
L’abeille Buckfast est une abeille métisse stabilisée, découlant à l’origine du croisement entre deux races géographiquement distinctes. La plupart des gens ont une mauvaise expérience avec les métisses, et ceux qui connaissent peu ou mal l’abeille Buckfast, auront tendance à être sceptiques et seront facilement portés à des croyances erronées.
Les métisses que nous connaissons le mieux sont le résultat de croisements aléatoires qui surviennent alors que l’on élève dans la même zone des abeilles de races différentes. Les reines vierges s’envolent pour l’accouplement dans une population de mâles mixte, et l’accouplement se fait souvent avec des mâles d’une — ou même plusieurs — autre race que la leur. Ces reines donnent une descendance croisée. Dans un tel mélange de population, les abeilles auront de moins en moins de valeur, à plus forte raison si l’on laisse les choses se développer sans intervention. Vous remarquerez que vous obtenez beaucoup de mauvaises colonies, mais parfois aussi des bonnes. Si vous pouviez maintenant rejeter tous les caractères douteux et ne conserver que les bons, vous pourriez éventuellement constater une amélioration. Et ce que vous obtiendrez comme abeilles dépendra du matériau de départ, de votre méthode d’élevage et de votre qualification. Cela va prendre un certain temps, mais c’est tout à fait possible.
On appelle abeilles Buckfast les abeilles que le Buckfast Club élève ici en Norvège, et que d'autres groupements élèvent un peu partout en Europe. À l’origine des abeilles Buckfast nous trouvons un croisement aléatoire entre les abeilles de Ligurie (Apis mellifera ligurica) (une race d’origine italienne du Nord), et les abeilles brunes (noires) autochtones (A.m. mellifera) des îles britanniques. Plus tard, d’autres races y ont été intégrées.
Le premier croisement de l’abeille de Ligurie avec les abeilles brunes a eu lieu autour de 1920. Entretemps, s’est développée très rapidement en Angleterre une maladie appelée Maladie de l’île Wight. Plus tard, il s’est avéré que la maladie (acariose) était causée par un minuscule acarien appelé l’acare des trachées. Ces abeilles métisses sont devenues très populaires parce qu’elles étaient tout à fait résistantes à cette maladie.
Cette première combinaison n’était pas différente de ce que l’on obtient d’habitude avec ces croisements aléatoires, elle était instable et la descendance très variée. De ce croisement, le Frère Adam a choisi deux colonies avec lesquelles il a jeté les bases de la future population Buckfast (voir l’article 1). Le secret du développement de cette population se trouve dans la méthode d’apiculture du Frère Adam.
Avant les années 50, on ne savait pas que les reines vierges s’accouplaient avec beaucoup de mâles en plusieurs excursions d’accouplement. En cas de deux vols successifs, on croyait que le premier avait échoué, comme cela se passe avec les autres animaux. Même si l’on savait comment s’opérait la détermination du sexe chez les abeilles (Dzierzon, 1845), on n’avait pas totalement compris l’importance de cette découverte. En utilisant plusieurs colonies différentes à l’endroit des vols de fécondation, on n’avait pas du tout de contrôle de l’élevage du côté paternel, et donc aucun contrôle sur l’héritage venu des mâles. On a tenté de prendre le contrôle de l’héritage — en particulier en Allemagne avec la carnica — en utilisant des mâles provenant d’une seule colonie sur une station de fécondation isolée. Cela n’a pas abouti à des progrès dans le programme de sélection, plutôt le contraire.
Si vous avez une bonne colonie avec des caractères que vous voudriez utiliser du côté des mâles, il faut vous rappeler que ce sont les ouvrières de cette colonie qui, ensemble, possèdent la combinaison génétique qui est la raison pour laquelle cette colonie excelle. Ce sont les caractéristiques des ouvrières (production de miel, lenteur à essaimer, douceur, calme) qui ont donné à cette colonie des scores élevés.
Les mâles de cette colonie n’ont pas le même patrimoine que les ouvrières. Comme ils sont produits à partir des ovocytes seuls (œufs non fécondés) seuls les parents de la reine leur fournissent leur héritage, et pas les « maris » de la reine qui ont aussi une grande participation à l’héritage exprimé dans la colonie.
Les mâles ne peuvent donc pas être utilisés pour transmettre les qualités de cette colonie, exprimées par les ouvrières. Pour que des mâles transmettent le patrimoine complet d’une colonie, il faut créer des reines filles de cette colonie, qui sont les sœurs des ouvrières, avec leur même héritage et laisser ces filles produire les mâles. Les colonies de ces filles, placées sur une station de fécondation plus ou moins isolée, produiront des mâles qui, ensemble, seront les porteurs exclusifs de l’héritage de la colonie sélectionnée.
Pour établir la relation maternelle, c’est plus facile, car on utilise ici directement des filles d’une reine d’élevage. Pour représenter la lignée d’une reine du côté de sa mère, les caractéristiques (scores) de la lignée doivent être clairement indiquées.
Deux possibilités pour combiner les caractères de deux colonies : accoupler les filles de la reine de l’une des colonies avec des mâles produits par des filles de la reine de la deuxième colonie. Ou l’inverse. Les deux possibilités ne donnent généralement pas le même résultat.
Ce type d’élevage, où nous avons mis ensemble, par appariement, les descendants de deux reines de sélection, s’appelle élevage de combinaison. En lisant le croquis de cette façon, nous obtenons pour l’élevage des abeilles, comme pour n’importe quel autre élevage, un père et une mère, et nous pouvons mettre en place des pedigrees raisonnables pour chaque combinaison ou appariement. Le pedigree est l’outil le plus important pour aider à garder une trace de la parenté et de l’héritage, et pour éviter la consanguinité. Le pedigree est très théorique, mais il s’est avéré que cela fonctionne aussi dans la pratique, quand l’accouplement se passe sur une station de fécondation isolée.
Nous appelons la reine (lignée des mâles), qui est la mère des reines qui produisent les mâles sur la station de fécondation (Frafjord), H8611, ce patrimoine est transmis par les appariements. Nous appelons la mère des reines vierges qui s’accouplent avec ces mâles, AK8601, cette mère transmet le matrimoine de ce pedigree établi. Nous pouvons écrire:
AK8601 × H8611
ou mieux
AK8601 frfj H8611
… en signalant explicitement le lieu de fécondation
Dans un pedigree en éventail on écrit :
Qu’il soit bien clair qu’un tel appariement ou combinaison ainsi décrit sur le pedigree ne montre pas un père, et une mère, et leur enfant …
… mais une mère, les « maris » (accouplements) de sa fille, avec la date et le lieu où cela s’est produit.
Dans le pedigree on utilise généralement les numéros ou noms des reines (croquis 3). Ce que nous lisons comme suit : la reine AK8745 est la fille de AK8601, accouplée avec des mâles qui sont produits par les filles de la reine H8611. Les jeunes reines, doivent obtenir leur numéro ou leur nom comme suit: les initiales de l’éleveur de cette reine, l’année de naissance et le numéro de la colonie où elle est introduite, soit AK8745, qui donnera une progéniture, dont l’héritage sera théoriquement 50 % de AK8601 et 50 % de H8611. [NdTr. Cette description de la définition du nom de la reine date des années 80 en Norvège. La plupart des européens notent actuellement une lettre pour la race de la lignée, le numéro de la ruche et les initiales de l’éleveur — ici AK8745 serait chez nous B45(AK).]
Un pedigree se compose de nombreuses reines de pure race, une reine pour chaque accouplement. Ce que nous avons montré ici est le dernier maillon dans un pedigree. Un tel pedigree peut également s’écrire en une ligne :
AK8745 = ‘87 - AK8601 frfj H8611: etc.
Pour voir d’où est issue AK8601, nous pouvons, par ex., mettre en place le pedigree de cette reine en trois générations aussi en une ligne. Mais le pedigree des mâles n’y apparaît pas :
AK8745 = ‘87 - AK8601 × H8611: ‘86 - AK8426 × PS8506: ‘84 - PS8401 × B-193: etc.
Ainsi, on voit que AK8601 est la fille de AK8426 qui a été élevée en 1986, et accouplée avec des mâles ayant l’hérédité de PS8506. Etc.
Lors de l’écriture des pedigrees de cette façon linéaire, on obtient une bonne information sur les appariements de la lignée maternelle, mais peu ou pas d’informations pour le côté paternel. Construire ou dessiner un pedigree complet, lien par lien, comme le montre schématiquement la Fig. 3 , à la fois pour la mère et les mâles, donnera une bonne information pour les deux côtés, et indiquera ainsi l’origine de chaque individu. On peut aussi calculer le pourcentage d’héritage théorique pour chaque ancêtre (Article 03).
A chaque accouplement, chez la plupart des êtres sexués, chaque parent transmet quasi exactement 50 % de son héritage. Mais pour l’abeille, c’est un peu plus compliqué. Nous en reparlerons. Pour chaque génération en amont dans le pedigree, l’héritage diminue de la moitié. La deuxième génération en amont apportera seulement environ 25 % d’héritage de chacun des quatre parents, et la troisième génération seulement environ 12½ % de chacun des huit. En regardant le pedigree et suivant les diverses combinaisons en amont, nous voyons que le pedigree montre quelles colonies ou lignées sont à l’origine de l’héritage, et il est facile de savoir dans quelle mesure. C’est simple, pas absolument correct, mais suffisant. Et il a été démontré que cela fonctionne bien en pratique.
Publié dans … Buckfast Avler Gruppen, 1989 Mise à jour: 2000, Article 02 |
par A. Kristian Stigen, 4307 - Sandnes, Norge avec son autorisation |