si vous préférez,
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Article de G.A. Delval Bruxelles, Belgique |
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Extrait de La Belgique Apicole, 17(11), 1953, p 284-285 Avec leur permission. |
Le Dr Wallon possède une lignée anecballique. En 20 ans, il a eu trois retours à l’essaimage, dus, très probablement, à la fécondation des reines par des bourdons étrangers à son rucher.
Moi-même, je possède des abeilles qui n’essaiment pas et qui renouvellent automatiquement leurs reines tous les deux ou trois ans. Je n’ai eu qu’un seul essaim depuis 1939; en 1952, une reine Sklenar que j’avais introduite en 1951 a essaimé. J’ai supprimé la fille de l’essaimeuse et je n’ai plus de Sklenar dans mon rucher.
En 1952, nous avons décidé, le Dr Wallon et moi, de marier nos souches dans le but de savoir si le produit du croisement de deux lignées anecballiques conserverait cette qualité si intéressante.
Deux reines élevées chez moi ont été fécondées dans l’apier du Dr Wallon. Nous les avons baptisées les reines D.W. L’une d’elles a été introduite dans une Layens de 18 cadres. Elle s’est révélée très bonne pondeuse et au printemps 1953, la colonie s’est développée très rapidement. En pleine période de miellée, la reine a été enlevée et donnée à une autre colonie. La souche s’est remérée en n’élevant qu’une seule cellule maternelle et, naturellement, sans essaimer. La jeune reine, que nous avons vu courir sur les cadres, n’est malheureusement pas rentrée de son vol de fécondation. La colonie est donc restée orpheline. Peu de temps après, elle avait des ouvrières pondeuses et elle a élevé des cellules maternelles dans lesquelles nous avons trouvé des larves de bourdons. Cette colonie a servi, dans la suite, à une expérience de remérage au moyen de Sexoclasine II, expérience relatée (page 268) dans un autre article. Malgré ces différents avatars, cette colonie a fait une récolte supérieure à celle des autres ruches de l’apier.
La seconde reine D.W. a été mise dans un corps d’une ruche à éléments superposables (10 cadres de 42x20 cm) et nous avons fait l’impossible pour la faire essaimer. Systématiquement, nous lui avons refusé la place dont elle avait besoin. La colonie est devenue trop forte pour l’espace dont elle disposait et une grappe d’abeilles de la grosseur de mes deux poings devait loger hors de la ruche. Pendant huit jours ou plutôt huit nuits, cette grappe a débordé de la planche de vol et a pendu à l’extérieur.
Le neuvième jour, la grappe est allée se suspendre à un arbuste, à proximité de la ruche. J’étais précisément au rucher du Dr Wallon. Cette fois, nous disons-nous, ça y est: elle se décide tout de même à essaimer, quoiqu’elle choisisse bien mal son heure. Que faire ? Si nous laissons l’essaim là où il s’est posé, il se peut fort bien que, demain matin, il nous ait brûlé la politesse. Le remettre à la souche, c’est peine perdue, il repartira. Nous avons visité rapidement la souche sans découvrir de cellules maternelles. Forcément, cette visite n’a pu être approfondie étant donné l’énorme quantité d’abeilles qui couvraient tous les cadres.
Nous étions fort perplexes sur ce qu’il convenait de faire, lorsque le soi-disant essaim nous a donné la solution en revenant de lui-même à la souche. C’était clair; cette colonie ne voulait pas essaimer. Nous étions fixés. Nous avons donné de la place en posant un second corps garni de cadres bâtis. II fut immédiatement occupé et dès le lendemain, il n’y avait plus de grappe d’abeilles pendant à l’extérieur. Cette colonie n’a pas essaimé dans la suite et elle a donné une récolte d’environ 12 kg de miel.
Ces deux expériences prouvent que l’anecballie se maintient lorsque l’on marie deux lignées anecballiques. C’est d’autant plus intéressant que cela permet d’introduire un sang nouveau dans une lignée qui, de tout temps, a été sélectionnée par consanguinité.
Extrait de La Belgique Apicole, 17(11), 1953, p 284-285 Avec leur permission. |
Article de G.A. Delval Bruxelles, Belgique |