Une méthode très pratique pour l’échange ou l’acquisition de matériel génétique de valeur est la remise d’œufs, de jeunes larves ou de cellules royales aux apiculteurs intéressés.
Il s’est avéré que ce sont les œufs âgés de deux jours (légèrement inclinés) qui supportent le mieux la manipulation. Lors d’un transport, nous avons dû garder les œufs pendant 26 heures sans la présence d’abeilles, avec pour résultat, le fait que pratiquement tous les œufs se sont développés en larves et ont donné une centaine de reines fécondées qui se trouvent en production sans qu’il y ait eu perte de qualité.
Fig. 1. Rayon découpé garni d'œufs de deux jours, dans son emballage (papier de ménage et serviette humide). Photo Jos Guth. |
Le morceau de rayon découpé qui contient les œufs doit être enveloppé dans du papier absorbant de ménage, ensuite dans une serviette humide, le tout étant recouvert d’une feuille de plastique afin d’éviter le dessèchement.
Pour le transport, on dépose l’ensemble dans une boîte en carton. De retour au rucher, les découpes avec les œufs sont insérées dans un cadre vide placé entre des cadres contenant uniquement du couvain operculé et ce, dans un nucléus orpheliné avec beaucoup de jeunes abeilles. A l’éclosion, les larves sont aussitôt nourries abondamment comme s’il s’agissait de larves destinées à devenir des reines dans une colonie se préparant à essaimer.
Pendant les deux jours suivants, les larves peuvent être utilisées pour l’élevage.
Pour le transport de courte durée (moins de 6 heures), les larves de 24 heures placées par picking dans des cupules en plastique ou en cire ne subissent pas de dégâts si on prend des dispositions pour éviter que la température ambiante n’excède pas celle du couvain, qui est de 34 à 35°C. Les larves ne craignent pas le froid, ni le dessèchement mais bien la famine, car à ce stade elles ont besoin de beaucoup de nourriture.
Fig. 2. Les cupules avec les larves de moins de 24 heures sont entreposées librement et protégées par du papier ou une serviette humide. Photo Jos Guth. |
Pour éviter les pertes, les cupules sont placées librement dans une boîte ou sur les barrettes du cadre d’élevage. Les larves ne peuvent pas se décoller des cupules. Le tout est enveloppé d’une serviette imprégnée d’eau froide. Lors du transport par voiture, un récipient isothermique est indiqué par temps extrêmement chaud.
Avant la réception des larves, le starter destiné à leur accueil doit être préalablement préparé. Une mauvaise acceptation des larves est due au transport du starter fermé contenant les larves.
Des cellules amorcées d’un jour, contenant donc des larves d’environ 40 heures, conviennent également au transport. Cependant, il faut prendre la précaution d’attacher les cellules l’ouverture vers le bas pour que les larves ne se noient pas dans la gelée royale, Ces cellules sont placées immédiatement dans une colonie finisseuse.
Il est bien plus simple de placer les cellules prêtes à éclore dans les colonies que de vouloir faire accepter des reines vierges. L’avantage d’une éclosion dans la colonie est que la jeune reine est prise immédiatement en charge par les ouvrières et peut s’épanouir dans des conditions optimales.
Fig. 3. Transport de cellules prêtes à éclore, dans des protèges cellules Nicot, insérés dans du polystyrène. Photo Jos Guth. |
L’introduction des cellules dans les colonies receveuses se fait du dixième au douzième jour, les nymphes royales ne pouvant alors plus être endommagées par les chocs. L’éclosion a lieu le douzième jour si on compte le jour du picking comme étant le jour zéro. L’introduction s’effectue aisément et l’acceptation est garantie si tout le couvain de la colonie receveuse est operculé. Par contre, il faut utiliser un protège-cellules si l’introduction est réalisée en présence de couvain ouvert. En effet, si les ouvrières ont le choix, elles préfèrent élever des reines à partir de leurs propres larves et détruisent alors les cellules royales introduites en les rongeant sur le côté. Le protège-cellule met les parties latérales des cellules royales à l’abri des mandibules des ouvrières. L’extrémité de la cellule qui dépasse le protège-cellule, grâce au renforcement dû au cocon élaboré par la nymphe royale, résiste parfaitement aux mandibules des ouvrières. Seule la jeune reine est capable de découper l’extrémité de la cellule royale.