La qualité des reines dépend des conditions de l’élevage et de la fécondation. Il faut :
L’élevage doit s’effectuer au cours de la période de l’essaimage, du 15 mai à la fin du mois de juillet. Sous certaines conditions et dans certaines régions, la période d’élevage peut être plus étendue.
Nous utilisons la méthode traditionnelle et rationnelle du transfert de larves âgées de moins de 24 heures dans des cupules en plastique à l’aide d’un picking.
Les résultats obtenus par différents chercheurs montrent que le nombre de tubes ovariens des reines diminue avec l’augmentation de l’âge auquel les larves sont transférées. À moins de 24 heures d’âge larvaire, il n’y a aucune différence entre les reines élevées artificiellement et celles issues d’un élevage naturel accompagnant l’essaimage.
Les colonies d’élevage, les starters et les finisseurs doivent être au point culminant, avec beaucoup d’abeilles mais surtout une grande abondance de nourrices. Les colonies doivent déborder de provisions. Les jeunes abeilles doivent être motivées pour un élevage par une miellée afin de produire une nourriture larvaire abondante. Au moment du picking, les larves doivent nager dans la bouillie alimentaire. Par temps de pénurie de nectar, la colonie doit être nourrie avec du miel mélangé à 20 % d’eau.
Les meilleurs résultats sont obtenus avec un starter au trou d’envol ouvert. La hausse à miel, sans couvain, est placée sur le plancher de la ruche, sans en changer l’emplacement. On y enlève deux cadres. Les deux corps de couvain avec leurs abeilles sont placées sur un plancher de ruche derrière ou à côté du starter avec un trou de vol en sens contraire. Une grille à reine et un corps vide sont placés sur la hausse à miel, qui sert de starter. Les nourrices qui se trouvent sur 10 cadres de couvain ouvert sont balayées dans la hausse vide.
Si la reine se trouve sur un des cadres balayés, elle est facilement repérée sur la grille; elle est alors réintroduite dans le corps de couvain. Le starter se compose donc des abeilles se trouvant dans la hausse à miel, des butineuses qui rentrent, le tout renforcé par les nourrices balayées de 10 cadres de couvain ouvert. Il est très important que les abeilles se sentent très à l’étroit. Après 1 à 2 heures d’orphelinage, deux cadres portant 48 cellules sont introduits dans l’espace laissé libre auparavant.
Fig. 4. Description de la création d’un starter : la hausse débarrassée de deux cadres est placée à l’endroit de la colonie de départ dont la nouvelle ouverture est dirigée diamétralement par rapport à celle du starter. Dans une rehausse sur grille à reine, il reçoit les nourrices de 8 à 10 cadres. Schéma Jos Guth. |
Fig. 5. Starter débordant de nourrices. Photo Jos Guth. |
L’acceptation tombe rarement en dessous de 45 cellules. Si l’acceptation laisse à désirer, il faut changer de colonie, car une bonne « motivation » pour l’élevage ne peut pas être obtenue « par la force ». 24 heures plus tard, les cellules sont échangées contre une deuxième série. Après deux élevages, l’ancienne colonie est reformée. Un nombre aussi élevé de cellules à amorcer se justifie par le fait que les jeunes larves ne consomment que très peu de gelée royale au cours de leur premier jour de vie.
Fig. 6. Larves acceptées âgées de 24 heures nageant sur une gelée royale abondante. Photo Jos Guth. |
Un transfert de 24 cellules dans une colonie non orphelinée, au-dessus de la grille à reine, entre deux cadres à couvain ouvert donne les meilleures reines. On ne doit pas dépasser 24 cellules si on veut obtenir que les reines de bonne qualité expriment tout leur potentiel génétique. Les finisseurs choisis pour l’élevage servent pendant toute la saison. Le cadre avec les cellules amorcées est toujours placé au même endroit; ainsi, on arrive à dresser les colonies à produire de la gelée royale et à soigner les cellules royales. Dès que les cellules operculées sont enlevées du finisseur, elles doivent tout de suite être remplacées par de nouvelles cellules amorcées. Les cadres à couvain sont renouvelés toutes les semaines par du couvain prélevé dans d’autres colonies. Ce renforcement augmente la disponibilité à l’élevage. Auparavant je prélevais les cadres à couvain en dessous de la grille à reine du finisseur. Mais cette intervention dérange l’harmonie de la colonie et la structure du nid à couvain, ceci au détriment des cellules royales à soigner.
Fig. 7. Résultat d’un élevage correctement mené. Photo Jos Guth. |
Un contrôle des cellules naturelles d’essaimage doit être fait chaque semaine, surtout sur les cadres se trouvant près des cellules royales introduites. Par mauvais temps, un nourrissement est effectué quotidiennement.
Une forte infestation des colonies par le varroa peut avoir pour conséquence une mauvaise prise en charge des cellules royales. Il faut éviter aussi d’introduire les cellules amorcées dans un finisseur ne contenant pas de couvain ouvert, car les acariens pénètrent alors dans les cellules royales avant l’operculation et entraînent la formation de reines estropiées. En présence de couvain d’ouvrières et de mâles, les cellules royales ne sont que rarement infestées.
Dans notre rucher, après le sixième jour du picking, les cellules operculées sont placées dans une couveuse à 35°C (intervalle: de 34,6 à 35,0°C). À cet âge, les cellules sont très sensibles: le moindre choc leur est fatal.
Fig. 8. Couveuse avec ventilateur, à 35°C, humidité min. 70 %, capacité de 300 cellules dans leurs cages rondes Nicot. Photo Jos Guth. |
Une couveuse doit garder une température très constante et doit disposer d’un ventilateur et de cuvettes remplies d’eau afin de maintenir un degré d’humidité élevé (min. 70 %). Nos étuves peuvent contenir 300 cellules. Un groupe électrogène permet d’assurer un chauffage de secours en cas de panne de courant. La conservation des cellules operculées dans la couveuse ne diminue absolument pas la qualité des reines. Les cellules operculées n’ont en effet besoin que d’une température constante dans une atmosphère relativement humide.
Les avantages d’une couveuse sont les suivants :