À l’avenir, tous les efforts doivent être conjugués pour sélectionner une abeille présentant une tolérance élevée à l’encontre du varroa, c’est-à-dire une abeille ayant la capacité de résister à l’acarien — tout comme le fait Apis cerana, l’hôte de longue date de l’acarien.
Si Apis mellifera n’arrive pas à développer au moins une certaine résistance au varroa, sa survie est mise en question. Combien d’espèces animales et végétales n’ont-elles pas déjà disparu de la planète, suite à l’action d’un parasite contre lequel elles n’ont pas pu se défendre efficacement? Les traitements par produits chimiques que nous utilisons actuellement ne peuvent constituer qu’une étape intermédiaire. Le sursis que nous accordent ces produits (avant l’accoutumance du parasite à ces produits), doit être mis à profit pour sélectionner une race d’abeilles ayant une meilleure résistance au parasite.
On peut constater que certaines colonies sont moins infestées que d’autres et ceci depuis des années. Une étude du professeur Drescher à l’université de Bonn sur l’infection et le développement du varroa au contact des différentes races et lignées d’abeilles présentes en RFA, ont montré que certaines lignées hybrides F1 ont une infestation 6,5 fois moindre que les lignées parentales. L’étude a montré que la période d’operculation est raccourcie de quelques heures chez ces hybrides, ce qui s’explique probablement par une action hétérotique élevée.
Le nombre d’abeilles par colonie et l’étendue du couvain sont des caractères d’importance secondaire; seul le temps pendant lequel le couvain est operculé a une influence sur la prolifération du varroa.
Si à l’avenir on arrive à sélectionner une race d’abeilles ayant une période d’operculation plus courte du couvain, on peut imaginer que la prolifération et la mortalité du varroa seront en équilibre et l’infestation des colonies restera en-dessous d’un niveau critique. D’autre part, d’autres facteurs, comme la détection du varroa par les ouvrières et l’auto-défense de l’abeille mellifère contre le varroa devraient être étudiés.
Mondialement, les maladies du couvain sont en augmentation. La perturbation de l’équilibre due à la varroase n’est pas la seule en cause. Il semble que certaines souches de bactéries, de virus et de champignons soient devenues plus virulentes. Ceci semble être également le cas de la mycose qui prend dans certains pays (Yougoslavie, etc.) une envergure catastrophique.
Lorsque la reine d’une colonie fortement infestée a été remplacée par une jeune reine d’une lignée résistante, les symptômes disparaissent rapidement. L’instinct de nettoyage, la détection des larves malades et mortes ainsi que le nourrissement des larves sont des facteurs à renforcer. La sélection et la stabilisation de ces caractères sont difficiles et demandent souvent une dizaine d’années de travail. On doit fonder l’avenir sur de telles colonies extrêmement vigoureuses.