Le mode de reproduction de l’abeille se distingue par de nombreux points de celui des autres animaux domestiques. Ces faits sont suffisamment connus, mais souvent peu pris en considération lors du choix des mâles. L’abeille ne possède pas de chromosomes sexuels spécifiques. On trouve sur les chromosomes de l’abeille au moins une douzaine de facteurs sexuels qui déterminent le sexe. Si, après une réunion des cellules sexuelles (= fécondation), il y a différence (hétérozygotie) entre les facteurs sexuels, il résultera alors un organisme féminin. S’il y a identité (homozygotie), il naîtra un mâle. Ceci est le cas lorsque l’œuf reste non fécondé (phénomène de la parthénogenèse). Dans la pratique de l’insémination instrumentale, il n’est pas rare que des facteurs sexuels similaires se rencontrent : l’homozygotie s’installe. Cette probabilité est particulièrement élevée si on se limite aux mâles d’une seule colonie. La reine possède, certes, deux allèles différents pour chacun des facteurs sexuels. Cependant, chaque mâle ne possède qu’un seul exemplaire de chacun des facteurs sexuels. Le tissu sexuel du mâle garde ainsi les 16 chromosomes venant de l’ovule. Au stade larvaire, il y a dédoublement des chromosomes pour qu’un être parfait puisse se former. Dans les testicules toutefois, il n’en reste que la moitié. Il est important de noter que dans le simple lot de chromosomes chaque facteur sexuel n’existe que sous forme d’un exemplaire, ceci pour la simple raison qu’une seule garniture chromosomique est disponible. Le mâle ne peut de ce fait transmettre qu’une sorte de facteurs sexuels. Si on se limite aux mâles d’une seule colonie, il peut arriver que par hasard ceux-ci aient les mêmes facteurs que la reine à inséminer. La possibilité de variation est substantiellement rétrécie. L’homozygotie s’installe et il en résulte des mâles appelés mâles diploïdes. Au premier stade larvaire, ces larves de mâles sont reconnues et éliminées par les nourrices (voir page 48 la consanguinité). Pour éviter ces désavantages, on recommande formellement de prélever les mâles dans plusieurs colonies sélectionnées, avec reines-sœurs. La probabilité que des facteurs sexuels similaires se rencontrent, est alors très limitée.
Une publication du professeur N. Koeniger [Apid., 5,20 (5)] fait état de l’existence de mâles issus exclusivement du sexe masculin, c’est-à-dire ayant un père mais pas de mère. Ce phénomène s’explique par le fait de la mort du noyau de l’ovule et le développement du noyau du spermatozoïde ayant fécondé l’ovule. Du point de vue génétique, ce mâle a par conséquent un père mais pas de mère.
Fin mai, début juin les colonies sont à leur point de développement culminant. Dans certaines colonies, on remarque dans les hausses à miel séparées du corps par une grille à reine un nombre restreint de cellules avec du couvain de mâles. Cette présence ne peut provenir que d’ouvrières devenues pondeuses, ceci même en présence d’une reine. Elles pondent sûrement des œufs aussi bien dans les hausses que dans le corps à couvain.
Lorsqu’une colonie se prépare à essaimer, l’équilibre entre le couvain ouvert et les nourrices est perturbé. Les ovaires des ouvrières se développent du fait d’un excès de gelée royale. Ce déséquilibre peut même subsister temporairement dans une forte colonie. Certaines ouvrières s’apprêtent alors à la ponte (Paul Jungels). Les mâles qui naissent alors sont généralement de constitution plus faible et sont à écarter lors de la capture pour le prélèvement du sperme.