L’investissement technique ne se justifie qu’en présence de cheptel génétique approprié et de grande valeur. La sélection nécessaire est bien plus dispendieuse mais indispensable pour aboutir à une abeille ayant de bonnes propriétés. Une condition essentielle en fécondation contrôlée est un cheptel de colonies d’élevage important car le choix ne doit pas être limité par le petit nombre des filles testées. Le Frère Adam élevait et testait des séries de 50 reines-sœurs dans divers ruchers. Les Danois exigent des séries de 30 colonies-sœurs pour adopter les qualités supérieures d’une reproductrice. Si on ne respecte pas ceci les conceptions d’élevage s’inversent rapidement. La productivité existante disparaît. L’apparition de dépression consanguine implique l’annulation de la lignée ou exige une fécondation avec un appoint génétique étranger.
Au lieu de parvenir à une réserve en gènes, on aboutit à un réel appauvrissement (érosion génétique). Cette situation se comprend facilement quand on envisage que les qualités d’une colonie ne dépendent pas de l’accouplement de deux reproducteurs de qualité ; mais bien d’une reproductrice accouplée à une vingtaine de drones. Chaque fille a donc plusieurs millions de possibilité génétiques venant de sa colonie-mère : il faut donc en analyser le plus possible pour garantir la qualité génétique de cette colonie-mère.
Des conditions optimales d’élevage doivent être respectées pour obtenir de bonnes reines à constitution physiologique des plus favorables (voir élevage de reines).
L’entrée de la ruchette est obstruée par une grille à reine pour éviter que celles-ci n’entreprennent un vol nuptial. La grille à reine doit être maintenue en place jusqu’au début de sa ponte. Même inséminée, elle garde l’instinct d’entreprise d’un vol de fécondation. On évite que les reines ne s’abîment les ailes et poils en utilisant des grilles en matière plastique où les trous de passage ne sont pas tranchants. L’installation du trou de vol sous le plancher, muni lui-même d’un faux-plancher avec grille (sans exposition directe à la lumière) diminue les essais pour se frayer un passage à travers la grille et les risques de s’endommager. Superbe page de Céline Gobin, professionnelle française, montrant la fabrication d’un tel faux-plancher
Aux heures de vol des bourdons lorsque le contrôle ou la capture doit avoir lieu, les reines matures (plus de 5 jours) essaient de s’échapper pour entreprendre le vol de fécondation. Elles sont extrêmement vives et s’échappent lorsque l’on ouvre le couvercle de la ruchette. Ce problème peut être évité lorsque les interventions sont effectuées tôt le matin ou dans la soirée.
Généralement on recommande la pratique de l’insémination entre le septième et onzième jour. Fréquemment en avant et arrière-saison, les reines peuvent poser des problèmes avec le démarrage de la ponte.
Comme remède, on peut les transférer de leur ruchette à une colonie. L’introduction d’œufs ou de jeune couvain huit ou neuf jours après l’insémination, suscitant la production de gelée royale, favorise sa maturité. Une troisième anesthésie est une autre solution, mais peu recommandée.
Lorsque l’insémination a lieu entre le douzième et quinzième jour les reines débutent la ponte et ce sans exception, en toute saison de 2 à 4 jours après l’insémination.
Le gaz carbonique CO2 utilisé généralement sert en premier lieu à l’immobilisation de la reine pendant l’insémination. Un deuxième effet provoque la maturité anticipée de la reine et le déclenchement de la ponte.
Deux traitements sont nécessaires. Une anesthésie soit avant ou après l’insémination plus le temps d’immobilisation pendant l’insémination provoque la ponte dans un délai de moins d’une semaine. Si la manipulation de l’insémination s’effectue en moins de cinq minutes, la reine devra rester endormie dans un petit bocal et exposée au gaz pour le restant du temps. Si on se limite à une seule anesthésie ou à un temps trop court, le début de la ponte peut être retardé de plusieurs semaines.
Fig. 19. Le technicien introduit du CO2 (tube vert) dans le bocal contenant les cages des reines à narcoser. Comme ce gaz est plus lourd que l’air, il remplit le fond du bocal. Le drap supérieur empêche les mouvements de l'air. |
Le gaz CO2 également utilisé en industrie alimentaire (pression de la bière, doseur crème chantilly, etc.) n’est pas directement nocif (pour les reines), cependant le temps d’exposition ne doit pas être exagéré. Ceci entraînerait un vieillissement excessif et une perte de vitalité.
Une première anesthésie de 5 (à 10) minutes assurée au gaz carbonique est exécutée soit le matin, soit un jour avant l’insémination. D’autres praticiens effectuent cette opération le lendemain mais cela nécessite une nouvelle recherche et encagement de la reine.
Le temps nécessaire aux spermatozoïdes pour parvenir dans la spermathèque ne peut être déterminée exactement ; on l’estime cependant à 48 heures. Il se peut donc que le transit ne soit pas entièrement achevé le lendemain et pourrait être perturbé lors de l’anesthésie après l’insémination.
Pour cela une méthode préconise l’anesthésie de 10 minutes et ce 48 heures après l’insémination avec le résultat d’une ponte précoce.
L’anesthésie est facilement pratiquée dans un sachet en plastique transparent ou un grand bocal dans lequel on introduit plusieurs cages à la fois. Le sachet ne sera pas fortement serré autour du tuyau à gaz ceci pour permettre un accès d’air. Les reines doivent être surveillées pendant l’opération. En début d’exposition au gaz CO2 le débit peut être important. Lorsque les reines ainsi que les abeilles d’accompagnement sont endormies, on règle le débit juste suffisant au maintien de leur sommeil. Le gaz, plus lourd que l’air emplit le fond du bocal ou du sac.
Après le traitement, elles sont remises entre deux cadres centraux où après quelques minutes elles reprennent conscience.